Il neige. Ce soir de la Saint-Sylvestre, Éléonore Hourdel, psychiatre dans une UMD (Unité pour malades difficiles), rentre chez elle avec juste l’envie de dormir. Il fait glacial dans sa maison. Un inconnu s’y est introduit, se suicide devant elle. L’acte sonne comme une vengeance : Éléonore avait jugé irresponsable l’assassin de l’épouse et du fils de cet homme. Puis, en ce mois meurtrier de janvier, une joggeuse disparaît dans le parc des Buttes-Chaumont, un fait divers devenu scandaleusement banal que n’arrivent pas à élucider Franck Sharko et Lucie Hennebelle. Mais les voilà déchargés de l’affaire pour s’occuper d’un crime abominable dont la victime n’est autre que le père d’Éléonore Hourdel. Franck Thilliez est virtuose dans l’art de conjuguer son intrigue à tous les temps, de connecter des affaires d’hier aux meurtres d’aujourd’hui, de mêler la science à une peine d’amour, un jaguar à un ténia. Point commun de cette gigantesque toile d’araignée : tous les crimes ont été perpétrés par des schizophrènes.
Une plongée humaine et troublante dans l’univers des UMD
« À retardement » est un thriller haletant en même temps qu’une éprouvante plongée dans les abysses de la folie. Le romancier a été exceptionnellement autorisé à passer du temps dans une UMD et même à y animer des ateliers d’écriture. Il ne se contente pas de décrire ces lieux archi-fermés, accueillant notamment des schizophrènes et des paranoïaques, il explore leurs souffrances, pose la question de leur discernement, s’interroge sur le devenir de ces « âmes défectueuses ». Son regard profondément humain, comme le sont les interrogations de Sharko sur son travail d’enquêteur, éclaire heureusement ce roman sombre et singulier sur le pouvoir maléfique de rendre fou.