Adoption, accouchement sous X, société « pro-kids »… Deux mois après son entrée en fonction, la Haute-Commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry s’exprime sur ses priorités dans les colonnes du « Parisien » ce vendredi 23 mai. La Haute-Commissaire à l’Enfance indique notamment qu’elle souhaite « ouvrir » la « réflexion » sur l’accouchement sous X, qui permet aux femmes de donner naissance anonymement. On fait le point.

Accouchement sous X : permettre à l’enfant d’avoir accès à « ses racines »

La Haute-Commissaire à l’Enfance souhaite aller vers une formule qui permettrait à l’enfant d’avoir accès à « ses racines » sur l’accouchement sous X. « Je pense qu'on peut aller vers l'accouchement dans la discrétion pour permettre à l'enfant de connaître ses racines tout en garantissant l'anonymat de la mère », déclare Sarah El Haïry dans « Le Parisien ». « Pour être claire, je veux que la mère soit obligée de fournir a minima un dossier médical », précise-t-elle.

Spécificité française, l'accouchement sous X permet aux femmes qui le souhaitent de donner naissance en conservant l'anonymat. Le bébé, déclaré pupille de l'État, est ensuite confié à l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Il peut être proposé à l'adoption, à l'issue d'un délai de deux mois.

« Il ne faut pas laisser ces enfants dans une errance identitaire », souligne Sarah El Haïry. Un organisme public, le Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (Cnaop), a pour mission d'aider les personnes nées sous X à accéder à leurs origines. Des associations jugent toutefois son action insuffisante. Depuis sa création en 2002, le Cnaop a pu communiquer l'identité de la mère de naissance à 4 000 demandeurs, sur quelque 13 000 requêtes.

Faciliter les adoptions

En ce qui concerne les adoptions, Sarah El Haïry souhaite faciliter les procédures en raccourcissant notamment les délais. « Parfois, il faut attendre sept ou neuf ans avant d'adopter, dénonce-t-elle. J'ai l'intime conviction qu'on peut raccourcir les délais. » La Haute-Commissaire à l'Enfance propose de créer un fichier national des familles qui disposent de l'agrément d'adoption et de limiter l'accueil en pouponnière à « quelques semaines ».

En faveur d’une société « pro-kids »

Sarah El Haïry annonce enfin qu'elle réunira mardi 27 mai « l’ensemble des fédérations du tourisme, des transports, de l'urbanisme pour penser une société à hauteur d’enfant », afin de lutter contre une tendance « no kids » [pas d'enfants, N.D.L.R.], qui gagne du terrain selon elle.

Pour la Haute-Commissaire à l'Enfance, cette tendance est une « violence faite aux enfants ». « On n’accepte plus qu’ils pleurent, qu’ils bougent, qu’ils parlent, et on met une pression extrêmement forte sur les parents pour éviter qu’ils interagissent avec eux dans les lieux publics. Voilà pourquoi on met son fils ou sa fille devant un dessin animé dans un train », s’agace-t-elle.

« On ne peut pas dire d'un côté qu'il faut accompagner les familles et de l’autre distiller l'idée que les enfants sont une nuisance », conclut la Haute-Commissaire à l'Enfance.