Ils s’appellent Alain Esquerre, Olivier Bunel, Alexandre Pérez. Tous les trois ont été élèves à l’institution Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. Tous les trois ont subi ou été témoins de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, parfois dès l’enfance. Aujourd’hui, ils siègent à la commission d’enquête parlementaire lancée pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements ayant permis ces violences. Une audition très attendue s’est tenue mercredi 14 mai : celle de François Bayrou, en tant que Premier ministre mais aussi élu local à Pau, ville proche de l’établissement.

Une commission d’enquête sous haute tension

François Bayrou a-t-il menti à l’Assemblée nationale ? C’est ce qu’affirme Paul Vannier, député LFI et corapporteur de la commission, après l’audition sous serment du chef du gouvernement. « Son audition permet de constater qu’il a menti avant, devant l’Assemblée nationale », a-t-il affirmé, ajoutant que le Premier ministre avait fini par « reconnaître enfin être informé » des violences signalées à Bétharram.

À l’inverse, la corapporteure Renaissance, Violette Spillebout, a salué la clarté de François Bayrou : « Il ne s’est dérobé à aucune question, il a dit sa vérité. » L’audition, qui a duré 5 h 30, a été marquée par une ambiance crispée. Paul Vannier a reproché à François Bayrou de sombrer dans « l’outrance », ce dernier dénonçant une « méthode » de travail « malhonnête ».

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« Un moment libérateur »

À la sortie, le Premier ministre a évoqué un « moment libérateur » : « Il y avait des accusations sans que je puisse jamais répondre […] pour la première fois, la possibilité d’apporter non pas des dénégations, non pas des arguments, mais des preuves. » Il a assuré que cette audition avait permis de « montrer que tout était sans fondement ».

Des victimes divisées

Du côté du Collectif des victimes de Bétharram, les réactions sont nuancées. Alexandre Pérez, également conseiller municipal à Pau, a estimé sur France Inter : « Je pense que là, il (le Premier ministre) a été totalement clair, il a déroulé toutes les pièces qu’il avait en sa possession. »

Mais il reconnaît aussi que « toutes les victimes n'ont pas eu le même sentiment » et critique la commission elle-même : « Cette commission n'a fait que reculer la prise en charge des victimes. C'est ça le problème. »

Vers une autorité nationale sur les violences faites aux enfants ?

Lors de son audition, François Bayrou a proposé la création d’une « autorité indépendante » sur les violences contre les enfants. Elle inclurait un « conseil scientifique » et un « conseil des victimes » et concernerait « tous les établissements » accueillant des mineurs : écoles, associations sportives ou culturelles, et familles.