L'ex-juge Christian Mirande estime que François Bayrou « a fait gonfler le soufflé » de l'affaire Bétharram en niant, initialement, être venu le voir en 1998 pour évoquer un dossier de viol impliquant un religieux de l'établissement catholique béarnais.

« Bayrou a eu le tort de dire d'abord qu'il ne m'avait pas rencontré. Ensuite, que c'était fortuit. C'était tout aussi bête! », déclare l'ancien magistrat dans une interview à « Sud Ouest» publiée ce mercredi 14 mai, avant l'audition – à 17 heures – du Premier ministre devant la commission d'enquête parlementaire née du scandale.

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François Bayrou nie avoir parlé du dossier Carricart, le religieux accusé de viol

« Il aurait dit : “Oui, je connais l'ex-juge, je suis allé le voir, on a parlé de ce que la presse évoquait…” Point final, on n'en parlait plus ! Mais il a fait gonfler le soufflé », poursuit Christian Mirande.

« C'est mon voisin depuis cinquante ans », avait déclaré François Bayrou au sujet de ce témoin-clé, le 18 février à l'Assemblée, après avoir d'abord nié l'avoir rencontré à l'époque. « Est-ce que nous avons pu parler de cette affaire ? Sans doute, oui (...) de l'ambiance, de l'établissement, jamais du dossier » Carricart, le religieux accusé de viol, avait ajouté le Premier ministre.

L’ex-juge Christian Mirande assure que Bayrou et le père Carricart se connaissaient bien

Selon Christian Mirande, François Bayrou est venu le voir chez lui pour « en savoir un peu plus sur les accusations visant le père Carricart », alors mis en examen et écroué pour le viol d'un élève à Notre-Dame-de-Bétharram. « Il était heurté, pas tant parce que son fils y était élève, que par le fait que l'institution était mise en cause », alors qu'il en était « un défenseur assidu », affirme l'ancien juge.

« Il n'arrivait pas à croire que Carricart ait commis ces faits. Je m'en souviens bien, il disait : “C'est pas possible, c'est pas croyable !” Cela démontre bien qu'il avait des liens avec lui », complète-t-il, alors que François Bayrou nie avoir connu le père Carricart, décédé en 2000. « Quand il dit qu'il ne le connaissait pas, c'est une énormité », insiste Christian Mirande, démentant avoir violé alors le secret de l'instruction puisque l'affaire était largement relayée dans la presse.

Hélène Perlant, fille aînée de François Bayrou, a affirmé dans un livre paru en avril que son père lui avait confié, à l'époque, avoir « juré » au magistrat « d'être dans le secret de l'instruction ». « Ils me gonflent tous avec ça ! », balaie l'ex-juge, indiquant avoir été « appelé par deux fois » à ce sujet, « il y a quelques semaines », par un ancien procureur de Pau devenu conseiller de François Bayrou sur les questions juridiques.