Mia a travaillé pendant des années comme assistante personnelle de P. Diddy. Elle a témoigné ce jeudi 29 mai au procès du « roi » du hip-hop à New York. A visage découvert, mais sous un nom d'emprunt pour protéger son anonymat, celle qui fut l’une de ses assistantes privilégiées explique elle-même avoir été victime de violences et de viols.
Depuis trois semaines, les jurés du tribunal fédéral de Manhattan interrogent des témoins qui ont décrit l'emprise exercée par l'influent rappeur et producteur sur ses employés ou son ex-compagne, la chanteuse de R&B « Cassie » Ventura. Figure incontournable du hip-hop, de son vrai nom Sean Combs, il comparaît pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle et entreprise criminelle. Il est accusé d'avoir forcé plusieurs femmes à avoir des relations sexuelles avec d'autres hommes pour satisfaire ses désirs, au moins depuis 2004.
Mia, proche du couple Cassie-P. Diddy, raconte notamment plusieurs épisodes de violences subies par la chanteuse, ses « lèvres enflées », « ecchymoses » ou « œil au beurre noir » qu'il fallait soigner, ou cacher pour faire bonne figure lors d'une avant-première à Hollywood.
Mia se remémore aussi des vacances où elle accompagne le couple. Une nuit, Cassie débarque paniquée dans sa chambre. « Elle hurlait à l'aide, “il (P. Diddy) va me tuer" », raconte-t-elle, d'un ton saccadé. « Nous avons poussé des meubles contre la porte (…) il criait et tapait », se rappelle Mia.
Préparer puis nettoyer les chambres d'hôtel
L'ancienne employée confirme, comme d'autres témoins avant elle, qu'il fallait préparer des chambres d'hôtel pour les marathons sexuels pendant lesquels Cassie devait livrer son corps, sous l'emprise de drogues, à des hommes rémunérés. Cela voulait dire approvisionner les lieux en préservatifs, lotions pour les corps, bougies... Et après, il fallait « nettoyer ». « Un cauchemar », pour Mia.
Travailler pour le fondateur du label Bad Boy Records, qui a collaboré avec les plus grands rappeurs, pouvait être enthousiasmant, raconte Mia. Mais c'était s'exposer à ses accès de violence, et à ses désirs. « Je ne pouvais pas dire non, jamais », résume-t-elle.
« Il m'a jeté des objets. Il m'a jetée contre le mur. Il m'a jetée dans une piscine. Il m'a jetée un seau à glace sur la tête. Il a claqué mon bras contre une porte. Il m'a également agressée sexuellement », énumère Mia. Des épisodes de violences sexuelles qu'elle a qualifiés de « sporadiques » mais très éprouvants.
Plusieurs récits de viols
Et puis, il y a les viols. Après un premier rapport, survenu au Plaza Hotel de New York, lors du 40e anniversaire de l'artiste, elle s'est dit que ça n'arriverait plus. Mais la procureure lui fait raconter d'autres épisodes, dont deux récits de viol. A chaque fois, la voix cassée, cherchant ses mots comme si chacun d'eux lui faisait revivre son « traumatisme », elle raconte s'être « figée ». Tête baissée, elle évoque encore sa honte, des années plus tard.
« C'était le patron, le roi, quelqu'un de très puissant », murmure-t-elle. Mia explique aussi le huis clos dans lequel tout a eu lieu. « On était des années et des années avant les réseaux sociaux, MeToo ou tout autre moment où quelqu'un s'est opposé avec succès à quelqu'un d'aussi puissant que lui. »
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Elle donne un exemple concret de la place de P. Diddy, qu’elle appelle Puff, sur tout le monde, y compris les autorités. Un jour où elle conduisait trop vite à Los Angeles, elle est arrêtée par la police. Mais lorsqu'elle tend son téléphone à l'agente pour lui passer « Puff », cette dernière « a commencé à rire et à dire “mon Dieu, Puff Daddy”...et elle m'a laissée partir », raconte Mia. Le témoignage de l’ancienne assistante doit se poursuivre ce vendredi 30 mai.