Blanche, raide, boutonnée jusqu’en haut, la chemise d’homme fut une armure sociale. Uniforme des puissants, carapace du sérieux, elle dessine le statut autant qu’elle couvrait le corps. Mais très vite, certaines femmes vont s’en emparer - dans l’intimité d’abord, dans les images ensuite.
Coco Chanel, pionnière entre toutes, s’y frotte dès les années 1920 : elle la dépouille, la simplifie, en fait une base. Un demi-siècle plus tard, Yves Saint Laurent l’élève à a modernité : col net, allure graphique, sensualité inversée. Mais c’est dans les années 1990 qu’elle devient, enfin, affaire de femmes. Quand Carolyn Bessette-Kennedy la porte négligemment rentrée dans un jean brut. Quand Sofia Coppola en fait un uniforme post-adolescent dans Virgin Suicides. Quand Kate Moss la laisse tomber sur l’épaule, cigarette à la main.
Aujourd’hui, les marques l’ont bien compris : la chemise d’homme est devenue un basique sophistiqué, à réinventer saison après saison. Parmi les plus désirables ? La chemise Max signée Sézane. Coupe droite sans raideur, boutons nacrés, coton épais mais caressant : elle coche toutes les cases du chic parisien. Déclinée dans une palette qui va du rose Barbie aux rayures garçon de café, elle est à la fois souvenir et promesse.
Trois façons (très parisiennes) de porter la chemise d’hommePour un effet “à peine sortie du lit” on la choisit ample, presque trop, comme prise dans un placard qui n’est pas le nôtre. Froissée, glissée à même la peau, les manches remontées à la hâte. En bas ? Une culotte taille haute, des sandales fines… ou rien du tout, juste le parquet froid sous les pieds. Dans sa version la plus littérale, on a la rentre dans un pantalon à pinces, ceinturée à la taille, associée à des slingbacks ou des mocassins vernis. Sur les épaules, un blazer masculin. C’est le look de bureau idéal pour celles qui ne supportent ni les tailleurs stricts ni les codes imposés. Enfin, on la noue à la taille, au-dessus d’un short blanc ou une jupe en denim, avec des sandales plates et un panier en osier. Elle s’offre un hommage discret à Romy Schneider à Porquerolles, à ces vacances d’enfance, à ces italiennes des années soixante, aux étés sans portable.