La robe fendue ne vient pas de Paris. Elle vient de plus loin, de plus chaud. Du Sud, celui qui sent la peau dorée, le citron râpé et les après-midi à rallonge. Là-bas, la robe est un souvenir de vacances. On l’imagine sur les marches brûlantes de Taormine, cornet de gelato praliné dans une main, un livre dans l’autre. Elle claque au vent, solaire, dramatique, cinématographique, parfaite pour The White Lotus.

À Paris, la robe fendue change d’allure. Moins dolce vita, plus go-go-go. Elle s’adapte à l’allure urbaine, glisse entre les pavés du Marais et les taxis pressés place Concorde. Elle ne flâne plus, elle file. Mais elle n’a rien perdu de son pouvoir pour autant.

Et dans le genre, une pièce fait presque figure de classique : la robe Pippa de chez Sézane. Fidèle au poste, saison après saison, avec son col rond, sa taille ceinturée, sa coupe impeccable. Une robe qu’on enfile les yeux fermés, comme un trench bien coupé ou une chemise blanche qui a tout vu. Elle existe en noir, en rouge, en léopard, longue ou courte… Et toutes racontent une histoire.

Quelle Pippa êtes-vous aujourd’hui ?

Parce que non, la robe fendue n’est pas neutre. Elle est à la fois terrain de jeu et ligne de démarcation. Elle change selon l’heure, l’humeur, le rendez-vous.

La version léopard est une Parisienne en vacances, même en bas de chez elle. Elle adore les paniers tressés, les lunettes oversize et les sandales en cuir. 

La noire est la plus discrète, mais jamais invisible. C’est celle qu’on porte pour acheter des pivoines au marché ou déjeuner avec sa belle-mère sans renoncer à soi. 

La bleue, elle, se prend au sérieux. Dans le bon sens du terme. C’est la robe des rendez-vous qui comptent, des déjeuner en terrasse avec vue sur l’avenir. On l’associe à des babies ou des mocassins souples, un sac structuré et un cardigan jeté sur les épaules. 

La rouge est la plus directe. Elle n’a pas peur du regard. Elle rassure, électrise, donne de l’aplomb. On la calme avec un blazer gris, on l’adoucit avec des baskets, on la féminise avec des sandales à talons. Elle fait le job les jours où l’on n’a pas le temps de douter. 

Et puis, il y a la version courte, la plus libre de toutes. Celle qui se fiche bien du lieu, du dress code ou du moment. En ville, elle marche avec des Converse. En vacances, avec des tongs et une peau salée. C’est la robe des femmes qui savent improviser.