Sortir sans se parfumer ? « Quelle drôle d’idée », diraient les aficionados de la parfumerie (l’autrice de ses lignes comprise). Et pourtant, à l’approche de la belle saison – de ses ponts et de ses vacances –, une question s’impose : faut-il revoir certaines de nos habitudes ? Il faut dire qu’un mythe persiste… ou plutôt une réalité : parfum et soleil ne feraient pas bon ménage. Pour en avoir le cœur net, nous avons interrogé deux dermatologues.
Parfum et soleil : des précédents à risque
« Autrefois très fréquente, la dermite du parfum était une pathologie typique des personnes qui appliquaient leur fragrance sur le cou, le décolleté ou derrière les oreilles avant de s’exposer au soleil », explique le Dr Martine Baspeyras, dermatologue et présidente de la Société française d’esthétique en dermatologie (SFED). Le résultat ? Des taches brunes, parfois accompagnées de réactions inflammatoires, sur les zones concernées. Si cette réaction est aujourd’hui moins répandue, c’est que les formules des jus ont évolué. En effet, « les fabricants ont réduit les substances photosensibilisantes contenues à l’intérieur des formules, explique la pro. Pour autant, on conseille de ne pas appliquer du parfum lorsque l’on s’expose ».
Quels sont les actifs en cause ?
Face à l’essor des parfums sans alcool sur le marché, on aurait tendance à croire que l’alcool est le principal responsable des réactions cutanées au soleil. Eh bien, non ! « L’alcool est irritant pour la peau, c’est pourquoi il disparait peu à peu des formules, mais il n’est en rien photosensibilisant », explique le Dr Baspeyras. Alors, quels sont les vrais coupables (pouvant être présents dans les formules sans alcool également) ? « Il s’agit plus souvent de produits parfumés contenant des extraits de plantes (comme la mousse de chêne, le citron, la lavande, la bergamote, le cèdre ou encore le santal), des huiles essentielles, des mélanges synthétiques ou des composés comme le limonène », explique le Dr Nadine Pomarède, dermatologue au DermoMedicalCenter.
Quels sont les risques face au soleil ?
« L’exposition solaire peut induire des réactions de phototoxicité ou de photoallergie, explique le Dr Pomarède. La phototoxicité n’est pas une réaction allergique. Elle apparaît quelques heures après une exposition solaire avec des rougeurs voire des vésicules. La photo allergie est plus rare et se traduit par un eczéma voire une urticaire ».
Si une éruption cutanée – telle que « des vésicules, des rougeurs, des démangeaisons, une hyperpigmentation voire un eczéma » – survient dans les heures suivant une exposition solaire, le lien avec le parfum doit être envisagé. Alors, il est primordial de « consulter un dermatologue pour un traitement adapté », recommande le Dr Pomarède.
La bonne routine à adopter l’été
Les aficionados qu’on mentionnait en début d’article ne seront sans doute pas ravis à la lecture de notre premier conseil… mais la santé avant tout ! Les deux expertes s’accordent à dire qu’il faut changer nos habitudes. Et, à moins de connaître la formule exacte de votre parfum – ce qui, avouons-le, reste bien souvent chasse gardée des marques –, il est recommandé d’éviter d’appliquer le parfum directement sur la peau avant une exposition prolongée. Et cela ne concerne pas uniquement les journées à la place (avec parasol, lunettes, casquette et crème solaire) ou nos randonnées en montagne. Un déjeuner en terrasse suffit à exposer davantage les zones parfumées. Le bon réflexe ? Vaporisez votre parfum d'été sur vos vêtements (sous le col d’une chemise ou à l’intérieur d’une veste, par exemple). En cas de doute, réservez-le pour le soir.