Devant la commission d’ enquête parlementaire sur les violences scolaires, plusieurs inspecteurs de l’Éducation nationale ont affirmé, mercredi 21 mai, ne pas avoir validé la synthèse finale de leur rapport sur le collège Stanislas, établissement privé catholique prestigieux de Paris. Des inspectrices ont même dénoncé une manipulation politique du document par Caroline Pascal, aujourd’hui numéro deux du ministère.
Un rapport réputé sévère, mais une synthèse adoucie
Commandé par l’ancien ministre Pap Ndiaye, le rapport faisait suite à des révélations médiatiques sur un climat sexiste et homophobe au sein du collège Stanislas. S’il est reconnu comme sévère dans son contenu, sa synthèse officielle affirme que les faits reprochés ne sont pas confirmés, sauf s’ils remontent à une période antérieure à la direction actuelle. Une conclusion que certaines inspectrices jugent en totale contradiction avec leurs observations selon les informations du « Monde ».
« C’est faux, le rapport dit tout le contraire ! », a déclaré Françoise Boutet-Waïs. Sa collègue Annie Dyckmans a renchéri : « Nous avons enquêté au présent et non au passé, c’est très grave de dire que les faits remontent au passé. »
Ajout signé Caroline Pascal
Selon Roger Vrand, « pilote » de la mission, ce dernier paragraphe controversé ne figurait pas dans la version qu’il avait rédigée. Il aurait été ajouté par Caroline Pascal, alors cheffe de l’inspection générale, aujourd’hui directrice générale de l’enseignement scolaire. Les inspecteurs n’ont jamais validé cette version envoyée au ministre. « Je ne l’aurais jamais accepté », a insisté Mme Boutet-Waïs.
Des zones d’ombre persistantes
La lettre litigieuse a permis à l’ancien directeur de l’établissement, Frédéric Gautier, de minimiser les faits dans les médias en janvier 2024. Mercredi, la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, a annoncé vouloir que les futures lettres de transmission se limitent à un simple envoi, sans commentaire.
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L’audition a aussi révélé que certains passages du rapport initial ont été supprimés pour éviter de toucher au « caractère propre » des établissements privés. Des propos signalés au procureur sur un catéchiste n’ont ainsi pas été inclus dans le rapport. Les préconisations de la commission sont attendues pour la fin juin.