Environ 230 000 Françaises avorteront cette année*. C’est leur droit depuis cinquante ans tout rond, la loi ayant été promulguée le 17 janvier 1975. Leur droit le plus strict, récemment gravé dans la Constitution. Jusqu’à 14 semaines de grossesse, avec remboursement par la Sécurité sociale. Une femme sur trois avorte au moins une fois dans sa vie : ce sont nos sœurs, nos mères, nos filles, nos tantes, nos amies, nos collègues, nous toutes.
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Mais ailleurs dans le monde, en 2025, combien de jeunes filles ou de femmes devront encore « se débrouiller », « bricoler », « s’arranger », trouver « une adresse », de l’argent, se cacher et peut-être faire des kilomètres, dans l’opprobre et la honte ? Combien vont devoir basculer dans l’illégalité à leurs risques et périls, physiques comme psychologiques, parce qu’elles ne peuvent ou ne veulent pas mener une grossesse à terme ?
Immense hypocrisie
L’avortement reste strictement interdit dans 24 pays, est autorisé seulement pour sauver la vie de la mère dans 41 pays, et limité à des causes médicales dans 49 pays**. Une immense hypocrisie, qui n’empêche en rien cette pratique. La preuve ? L’Organisation mondiale de la santé estime que 25 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués chaque année dans le monde, tuant 39 000 femmes !
Le combat pour ce droit, entravé même aux États-Unis, doit perdurer jusqu’à sa légalisation pour toutes. Afin de s’en convaincre, il suffit d’écouter les femmes. Questionnons nos mères, nos grands-mères et toutes nos amies âgées de plus de 65 ans, jeunes filles avant la loi Veil. L’Institut national de l’audiovisuel (INA) vient d’écrire une page de l’Histoire en recueillant leurs témoignages. Ce qu’elles racontent est bouleversant. Plus jamais aucune jeune fille, aucune femme ne devrait avoir à en passer par là. Jamais, et nulle part.
* Selon les chiffres de l’Ined. ** Rapport du Sénat du 25 janvier 2024 sur l’accès à l’avortement dans le monde.
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