Observer la nouvelle bande avec laquelle Donald Trump attaque son second mandat est une expérience fascinante, pas forcément dans le bon sens du terme. Tous ces hommes entre deux âges, les cheveux bizarres, le menton haut, l’air bravache, visiblement ravis d’être là, et surtout d’être là ensemble… Comment ne pas penser à cette réplique beauf-rigolote du cinéma français des années 1970 (« Les Valseuses », de Bertrand Blier) : « On n’est pas bien, à la fraîche, décontractés du gland ? »
Dans « Libération », le 12 janvier, l’écrivaine québécoise Martine Delvaux parlait de « broligarchie », un mot-valise qui synthétise bien l’avènement des « bros » (« frérots » en français), ces « ultrariches, ultrablancs, ultrapuissants, arrivés tout droit de la Silicon Valley pour s’asseoir, avec Elon Musk, l’homme le plus riche au monde, à la droite de Donald Trump ».
Concours de grosses fusées
Or, le problème avec tous ces gars et leurs concours de grosses fusées, ce n’est pas leur fortune, mais bien leurs idées. Le vice-président J. D. Vance, qui n’a que le mot « famille » à la bouche, s’affole du déclin démographique et méprise, on s’en souvient, « les vieilles filles à chats », qui veulent que le pays soit « aussi malheureux qu’elles ». Elon Musk, l’homme qui se reproduit comme il respire (12 enfants, et ce n’est pas fini, promet-il), réduit drastiquement le congé parental de ses employés (chez X, celui-ci est passé de 20 à 12 semaines pour les mères et de 20 à 2 semaines pour les pères). Mark Zuckerberg, qui explique avoir eu une épiphanie depuis qu’il a découvert les arts martiaux, estime désormais que le monde professionnel a été « culturellement castré » par les politiques pro-diversité et inclusion. Il annonce donc qu’il va faire machine arrière et appelle de ses vœux le retour de l’« énergie masculine » (sic) dans ses sociétés.
L’énergie masculine ? Comment définir un truc pareil, sinon comme le contraire de ce que les clichés attribuent traditionnellement au féminin (douceur, empathie, « care ») ? On se doutait bien que la défaite de Kamala Harris n’était pas une bonne nouvelle pour les femmes… Souhaitons bon courage aux Américaines ! On compte sur elles, si leurs droits sont menacés par Trump et son gang de broligarques, pour leur montrer ce qu’est « l’énergie féminine » : un mélange de force, de détermination et de ténacité. Cliché contre cliché, ils auraient bien tort de sous-estimer celui-là.
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