L’actualité ressemble au ciel, en ce début d’année, la lumière manque cruellement. Le baromètre annuel du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, publié le 20 janvier, dépeint, lui, une météo plus contrastée : les Françaises sont plus féministes – par ici, les éclaircies – et les Français, plus masculinistes – orage, ô désespoir. Avis de tempêtes en perspective…
Même si le soleil brille parfois sur cette étude – après le procès des viols de Mazan, plus de 9 Français sur 10 « considèrent que les hommes ont un rôle à jouer dans la prévention et la lutte contre le sexisme », une prise de conscience encourageante –, certains chiffres sont bien sombres : 86 % des femmes de 25 à 34 ans estiment qu’il est difficile d’être une femme. C’est énorme. Les raisons sont claires comme de l’eau de roche : sexisme quotidien, inégalités de traitement dans la rue, au travail, au foyer, presque partout, ça fait beaucoup. Ça fait trop, et on ne lâche rien, mais on a aussi envie de voir le verre à moitié plein.
Amour sans complications
« Soyez sûrs qu’une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s’écrie “Elle est en acier !” Elle est “en femme”, simplement – et cela suffit », écrivait Colette (« La Vagabonde », 1910). Être une femme, aujourd’hui, c’est s’inscrire dans l’exaltante lignée de culottées qui se sont battues pour que le deuxième sexe ne le reste pas. Grâce à Colette, Gisèle, Simone et les autres, être femme, c’est avoir le choix d’une profession (le mari de Simone Veil ne voulait pas qu’elle devienne avocate !), d’aimer qui ça nous chante, d’avoir des enfants – la joie de les voir devenir ces ados pleins de cheveux qui vous disent « Bonne journée, frère » (lire p. 60) – ou pas.
Être une femme, c’est expérimenter la sororité, ce nouveau mot, et l’amitié féminine, ce vieux truc, ce baume, cette rigolade, ce réconfort, ce lien indéfectible, cette affection sans déclaration, cet amour sans les complications. Dans le sublime nouveau film d’ Almodóvar, l’héroïne, qui se sait condamnée, voudrait mourir en douceur, avec juste une amie dans « la chambre d’à côté ». Être une femme, c’est avoir la certitude qu’il y a toujours une amie dans la pièce d’à côté.
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