Vous souvenez-vous du carton du documentaire « La Sagesse de la pieuvre », en 2020 ? Plus besoin d’explorer des eaux lointaines et glacées pour trouver son animal totémique. Fraterniser avec une poule, voilà qui fait de vous un humain éveillé, en ce printemps 2025.
Quand la poule entre dans nos vies
La tendance couvait depuis quelques années, désormais, elle explose, tel un poussin jaillissant triomphalement de sa coquille. Dans les jardineries, les cocottes s’arrachent, à des prix allant de moins de 20 € pour de simples pondeuses sans diplôme à près de 50 € pour des reines de beauté parfois hautes comme des chiens. On ne compte plus les ados qui se passionnent pour les incubateurs d’œufs ou les colocs qui adoptent des poulettes de compagnie dans leur jardinet. Un nouveau métier est même né : livreur de poules. Nos campagnes sont désormais sillonnées par des éleveurs qui proposent leur production « au cul du camion » (un des derniers SMS que j’ai reçus, énigmatique, indique « OK 1 Sussex et 1 Brahma. RV parking Intermarché entre 11 h 30 et 12 heures le 8/5 »).
Des cocottes dans le jardin, des liens dans le quartier
Parce que oui, l’autrice de ces lignes l’avoue, la poulemania est passée par elle. Heureuse gardienne d’un cheptel de dix têtes, je ne trouve que des qualités à mes copines à plumes. Intelligentes (elles me préviennent si notre teckel vadrouille trop près de leur enclos), courageuses (elles accouchent – sans péridurale – presque tous les jours d’un « bébé » qu’on leur pique systématiquement), drôles (elles m’engueulent si je les dérange pendant la ponte) et tendres (surtout quand je débarque avec des croûtes de fromage), elles sont aussi écolos, fertilisant le jardin et faisant office de poubelle de table toute l’année, durables (elles vivent dix ans si la fouine et le renard ne s’en mêlent pas) et créatrices de lien social (quarante coucous frais à distribuer chaque semaine, c’est autant d’amis dans le voisinage).
Dernier argument pour vous convaincre que les poules, c’est cool : entre ruée vers les protéines non carnées et pénurie d’œufs aux États-Unis (lire notre article page 96), acheter des cocottes semble un investissement d’avenir… bien plus sûr que ces cryptomonnaies opaques et énergivores, en tout cas.