S'il existait un Oscar de la « meilleure idée de com sans le faire exprès », « The Brutalist » aurait pu l’ajouter à la liste de ceux qu’il devrait récolter le 2 mars. Depuis sa sortie, on parle presque autant du travail saisissant du tandem Brady Corbet- Adrien Brody que de l’entracte de quinze minutes qui coupe le film en deux morceaux d’1 h 40. Sur les réseaux sociaux, les spectateurs postent le décompte qui s’affiche à l’écran comme on se vanterait d’assister à un lancement de fusée à Kourou.
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La semaine dernière, lors d’une séance du soir à Paris, votre serviteure a été tout étonnée de voir la salle ronronner de plaisir lorsque l’image s’est figée. Il y avait bien sûr des gens qui restaient assis sur leur manteau, comme ces personnes âgées à l’opéra, mais tant d’autres qui allaient acheter des pop-corn et en proposaient à toute la rangée, ou qui papotaient dans la file des toilettes, et même, au bar, deux inconnus qui se dévoraient des yeux.
S’accorder le droit d’être léger
À croire que ce concept « d’entracte », c’est ce dont nous avons collectivement besoin en ce moment, et ce, dans tellement de domaines. Un temps inséré dans un continuum, comme pour respirer avant de reprendre le fil de nos vies. On prendrait bien un peu de lumière entre deux dépressions, non ? (La France a perdu 159 heures de soleil en 2024, avec les conséquences que l’on sait sur notre santé et notre moral).
On rêverait d’un moment où nos politiques se mettraient d’accord sur quelque chose, où les nouvelles à l’international ne seraient plus cette succession de coups de poing en plein cœur, où l’on s’accorderait le droit d’être légers, uniquement concentrés sur des grains de maïs soufflés, comme autant de toutes petites joies. Car contrairement à la « pause », dont on ne connaît pas forcément la date de fin – « On fait une pause ? », une phrase de mauvais augure, pour un couple –, l’entracte dit que c’est OK, on ne lâche pas l’affaire. On reprend juste son souffle.
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