« Où sont les femmes ? » s’interrogeait, il y a dix ans, notre journal à propos du Festival de Cannes. En 2014, l’événement comptait seulement deux réalisatrices en compétition sur 18 films sélectionnés. Pas fou, mais toujours mieux qu’en 2013 – une candidate ! – et qu’en 2012… zéro.
Une édition 2025 plus féminine
Cette année, le Festival affiche six réalisatrices en Sélection officielle sur 21 films, c’est pas Broadway mais c’est Cannes : les Françaises Julia Ducournau (Palme d’or 2021 pour « Titane ») et Hafsia Herzi, l’Espagnole Carla Simón, la Japonaise Chie Hayakawa, la Britannique Lynne Ramsay, ou l’Américaine Kelly Reichardt, toujours hype. On attend aussi avec impatience les premiers longs-métrages des actrices Scarlett Johansson et Kristen Stewart, ceux de Joséphine Japy et de Romane Bohringer, que l’on dit très personnels, sans oublier « Partir un jour », d’Amélie Bonnin, qui a eu les honneurs de l’ouverture.
Enfin, Rebecca Zlotowski s’offre un casting de rêve : Jodie Foster et Virginie Efira. Et confirme ainsi, après le retour explosif de Demi Moore dans « The Substance » de Coralie Fargeat ou celui d’Angelina Jolie dans le prochain Alice Winocour, l’intérêt des stars internationales pour les cinéastes hexagonales.
Créer, résister, transformer : les femmes font leur cinéma
Une exception culturelle ? La rançon du talent, surtout, et de l’acharnement. Comme si, le chemin ayant été deux fois plus difficile, ces réalisatrices étaient deux fois plus audacieuses, créatives, séditieuses, investissant et recomposant tous les registres du septième art. C’est notable, le festival s’efforce de donner un peu plus de place aux femmes, que ce soit derrière la caméra, à l’écran ou dans le jury – paritaire – présidé par Juliette Binoche.
Certes, le chemin est encore long : « C’est fou qu’il ait fallu attendre 75 ans pour que le Festival de Cannes ait une femme à sa tête », résume sa présidente Iris Knobloch. Mais avec deux Palmes d’or féminines en 2021 et 2023, il est prometteur et lumineux. Jamais deux sans trois ?
