Une féministe est-elle juste une femme qui se bat pour l’égalité entre les femmes et les hommes ? Pas sûr pour tout le monde : « Il y a parfois une vengeance, une rancœur. En fait il y a beaucoup de femmes qui n’ont pas eu la chance d’être regardées par les hommes, et qui de ce fait nourrissent parfois contre eux un sentiment de revanche », a cru bon d’expliquer un présentateur en prime time, le 3 avril sur CNews, lors d’un débat sur la notion de consentement dans la définition pénale du viol.
Ah, mais c’est bien sûr ! Revoilà la rengaine de la féministe mal baisée, aussi vieille que ce mouvement d’émancipation, qui remonte selon les historiens à la fin du XIXe siècle. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a été saisie.
Un anti-féminisme d’atmosphère qui semble infuser dans le monde entier
Parce qu’elles bousculent l’ordre établi, les féministes ont toujours été traitées de tous les noms, surtout ceux qui les renvoient à leur corps, à leur sexe : des mal-baisées revanchardes, sexuellement frustrées car jugées trop moches, trop grosses, trop poilues ! Des salopes, des putes, des bitches. Les militantes des années 1970 en savent quelque chose, comme toutes celles qui, plus tard, ont été cyberharcelées.
Ce qui est propre à notre époque, c’est que cette petite musique vermoulue s’inscrit dans un anti-féminisme d’atmosphère qui semble infuser dans le monde entier, et pas seulement sur les réseaux sociaux. Une désinhibition sexiste qui redouble depuis la victoire de Trump et de ses amis virilistes, ouvertement en guerre contre l’émancipation des femmes. En France, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) s’alarme, dans son dernier rapport, de la progression des idées sexistes et masculinistes, surtout chez les jeunes hommes.
Un retour de bâton post- #MeToo, dont la virulence est à la hauteur de tout ce que ce mouvement est en train de faire bouger. Aucune féministe n’est inattaquable par principe. Ses arguments, concepts ou propositions peuvent être discutés à partir d’autres arguments, concepts ou propositions. C’est même ainsi qu’a toujours avancé ce mouvement protéiforme et spontané. Autant dire qu’en 2025, même dans un monde cul par-dessus tête, l’éternel retour de la mal-baisée ne fera taire personne.