À partir de quand un amoureux tout à la fois empressé et jaloux, adorable et colérique devient-il un homme potentiellement coupable devant la justice de harcèlement, notion renforcée par la circonstance aggravante de l’emprise (contrôle exercé par un partenaire sur l’autre), ou de violence psychologique (des faits qui, s’ils sont reconnus par la justice, sont passibles de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende) ?

Retrouvez notre enquête intégrale sur Jean Imbert : 

Le continuum entre violences psychologiques et physiques si souvent vérifié

Depuis les débuts de #MeToo, les affaires de violences sexuelles et sexistes se succèdent dans les tribunaux. La société dans son ensemble tâche d’évaluer les mécanismes de l’emprise et de la violence masculine afin de la prévenir. Notre regard change aussi. L’époque secoue les représentations amoureuses délétères. Surtout quand elles ont trop longtemps été associées à un supposé « romantisme » justifiant tous les abus.

Exemple ? La jalousie maladive, considérée jadis comme une preuve d’amour. La passion qui excuserait tout, y compris la cruauté, et justifierait l’obsession du contrôle de l’autre : de son corps, ses relations sociales, ses sentiments, ses dépenses, ses faits et gestes. L’amour qui finirait par abîmer l’intégrité émotionnelle de l’autre, par nuire à sa santé. Sans parler du continuum entre violences psychologiques et physiques si souvent vérifié.

Neuf jeunes femmes sur dix déclarent avoir déjà subi des violences lors d'une relation affective

Qu’il s’agisse d’un homme célèbre dans le monde de la gastronomie, comme dans l’enquête que nous vous dévoilons où nous recueillons les témoignages de quatre de ses ex-compagnes, ou d’un anonyme ne change rien. Ce n’est hélas pas un cas isolé et les plaintes ont bien souvent peu de chances d’aboutir.

D’après un sondage*, une jeune femme sur deux (de 12 à 24 ans) affirme avoir déjà été insultée lors d’une relation affective. Plus de neuf sur dix déclarent y avoir déjà subi des violences. Plus de neuf sur dix… Un chiffre révoltant, inacceptable. La preuve, s’il en fallait encore, que les huis clos amoureux sont aussi politiques.

*Réalisé en 2021 par l’association « En avant toute(s) » et la newsletter « Les Petites Glo ».