« REGARDEZ-MOI DANS LES YEUX… J’AI DIT LES YEUX. » Le slogan date d’il y a trente ans. Sur la pub, la sublime Eva Herzigová, en soutien-gorge, intimait aux badauds de ne pas s’attarder sur son décolleté… Inenvisageable aujourd’hui, où l’on dispose de mille autres manières plus subtiles d’objectiver le corps des femmes. Résultat, qui s’y colle ? Sur les affiches quatre par trois, les réseaux sociaux ou le long des façades d’immeubles : BOYS !

Les hommes à l’affiche

Ça a commencé en 2024 par la résurrection des campagnes Calvin Klein à l’ancienne avec l’acteur américain Jeremy Allen White (héros de la série « The Bear »), tout en slip ultra-bright, en pecs et en regards pénétrants. Un an plus tard, c’est au tour de la marque Boss de dégainer avec l’ex-star du foot anglais David Beckham, tout en slip, en pecs et en cuisses écartées. Il n’en fallait pas plus pour chauffer Calvin Klein, qui a plié le Game le mois dernier avec le rappeur portoricain Bad Bunny, tout en slip, en pecs, en main au paquet et tatouages – qui complètent à chaque fois la panoplie. Et comme il n’était pas question de rester sur la touche, voilà que Kim Kardashian s’offre pour sa marque de lingerie Skims les services du jeune héritier le plus en vue du moment : Patrick Schwarzenegger (fils d’Arnold et de Maria Shriver Kennedy), parfait rejeton de riches dans la 3e saison de la série « The White Lotus », lui aussi tout en pecs et prot’, mais à poil avec un bouquet de mariée là devant. Petite nouveauté, il pose avec la top Abby Champion (la bien nommée), sa fiancée à la ville, elle aussi dévêtue – façon Ken et Barbie. Sauf que… c’est du second degré, bien sûr ! Sinon ce serait juste une manière d’objectiver le corps des garçons, non ? On a donc une pensée émue pour tous les adolescents complexés qui attendent patiemment leurs 16 ans pour pouvoir s’inscrire dans le club de gym le plus proche et travailler leur « six pack » (sangle abdominale en VF), et qui rêvent de cette masculinité auscultée dans une production Netflix autrement choquante : «  Adolescence ». Série que l’on pourrait résumer ainsi : qu’est-ce qu’on fait quand on ne ressemble pas au cliché ?