Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? La question, Saint-Valentin oblige, n’est pas une provocation. Le 14 février reste l’occasion pour les marchands de tout et de n’importe quoi de dégainer un imaginaire saturé de clichés rom com (comédies romantiques américaines) et d’injonctions aux plaisirs formatés, avec dîner aux chandelles pompeux et allusions coquines lourdingues. De quoi donner envie de se carapater aux petits cœurs les plus romantiques ! 

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Pourtant, notre époque, à feu et à sang en surface, s’acharne, en profondeur et non sans bravoure, à faire bouger les lignes qu’on pensait immuables du contrat sexuel et amoureux. Histoire de le libérer de ce qui l’entrave, des attendus formels jusqu’aux sous-entendus limitants. C’est ce à quoi s’attache le féminisme actuel, près de soixante ans après Mai 68 et cette fameuse « révolution sexuelle », dont #MeToo nous aura enseigné qu’elle s’était arrêtée un peu vite sur le chemin de la libération. Comment ? Par exemple, en déboulonnant la figure du prince charmant, mythe qui enferme les filles dans une attente passive. En revendiquant que l’amour et le sexe peuvent être deux dossiers séparés pour les femmes aussi. Ou en transformant le regard posé sur celles de plus de 40 ans, libérant au passage leur libido et leur droit à « jouir sans entraves ». 

Une véritable révolution de l’amour et du désir

Qu’est-ce qui pourra sauver l’amour, pour paraphraser encore Balavoine, comment retrouver le goût de la vie, remplacer le besoin par l’envie ? C’est peut-être l’une des conséquences, pas encore bien comprise, de la tornade #MeToo : si elle dévoile l’ampleur de la violence sous couvert de sexe ou de sentiments, elle met aussi au jour l’importance du consentement, le grand scandale de sa négation ainsi que ses zones d’ombre, questionnant les hommes comme les femmes en leur for intérieur. 

Derrière cette colère puissante, une véritable révolution de l’amour et du désir se met peut-être en marche, cette fois à même de renverser la table (et les vieilles bougies de la Saint-Valentin posées dessus) : d’abord en permettant aux filles et aux femmes de dire non en étant entièrement respectées, puis en leur permettant de dire un grand oui, en étant respectées tout autant.

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ELLE n°4130. © PAMELA HANSON/TRUNKARCHIVE