Les sorties de piste
Je les appelle les pièces fantasmées. Au moment de l’achat, elles vous ont remplie de joie. Puis, l’exaltation a fait plop. Cette femme en robe folk, ce n’est pas vous. Cette blouse dentelle est sublime mais ce n’est pas vous du tout. Ce pantalon à carreaux avec lequel vous n’avez rien à mettre ne semble pas compatible avec votre garde-robe. Cette combi pantalon, si classe sur la vendeuse, impossible à assumer… Ne vous fustigez pas. On se fantasme parfois avec une morphologie différente, on se projette dans un corps, une inspiration qui ne colle pas forcément avec notre nature ni avec une allure chimérique qui finalement nous ressemble peu. C’est quasi impossible de se regarder avec objectivité et un œil neutre. C’est compliqué d’être au clair avec ses envies lorsqu’on veut changer de style. Je vous propose de vous poser devant vos pièces problématiques et de titiller vos limites stylistiques en faisant le distinguo entre la timidité (= un jour pas si lointain, j’oserai) de la tentative ratée (= ça ne va pas du tout !) qui, elle, mérite de sortir pour de bon.
Les reliques
Vous avez vécu tant de choses ensemble. Ce serait un déchirement de vous séparer. C’est souvent compliqué de dire au revoir à ces pièces qui vous ont connue sur les bancs de la fac, ont été témoins de moments heureux ou vous ont porté chance. Un peu comme mettre à la benne des bouts de vie. Si vous êtes sentimentale, je vous propose de garder vos vestiges les plus précieux tout en les rangeant dans une malle à souvenirs qui n’encombrera pas votre dressing. Combien de pièces autorisées ? C’est simplement une question de place : vous vivez dans un petit deux-pièces ou vous avez un grenier ? L’essentiel : les éloigner des cintres et tiroirs.
Les « au cas où »
Vous en avez forcément un dans vos placards : ce sont les talons avec lesquels vous n’avez plus envie de marcher, la robe magnifique au zip caractériel, le pantalon bien coupé qui gratte, la parka pratique mais pas terrible, le chino taché au genou droit, le jean bootcut ringard, la jupe trop belle mais trop petite… Vous ne les sortez jamais. Vous les conservez au cas où vous pourriez mincir, passer un entretien d’embauche, vous lancer dans une vie sociale intense, au cas où ça reviendrait à la mode… Trouver des excuses, c’est facile quand on ne veut pas vider ses placards. Pourtant, quand l’occasion se présentera, vous n’aurez sûrement pas envie de porter ces pièces bancales. Sauf si elles cochent toutes les cases de vos exigences : taille, couleur, confort, style, besoin. Vérifiez si c’est le cas. Avec honnêteté.
Les quintuplés
Même si vous vous habillez toujours de la même façon (Est-ce un choix ? Ce serait intéressant d’y réfléchir), vous n’avez certainement pas l’utilité d’accumuler des pièces quasi identiques. Parmi les t-shirts blancs, les blouses imprimées ou les pantalons noirs copiés-collés, identifiez vos préférés, ceux qui répondent à votre liste de critères personnels, et éliminez les compagnons avec un attrait moindre : tissu bouloché, détail daté, encolure peu flatteuse, teinte défraichie, mercerie bas de gamme… N’en profitez pas pour les glisser dans votre pile de « au cas où » (« je n’aurais plus rien à me mettre », par exemple).
Les mauvais plans
Si vous avez décidé de miser sur des marques exigeantes ou de resserrer votre dressing avec des pièces intemporelles et durables, la formule « achetez mieux mais moins » vous parle forcément. Mais miser sur la qualité et les intemporels ne vous suffit peut-être pas. Si vous vous étonnez de voir des pièces délaissées, interrogez-vous sur vos impératifs. Certes, ce blazer prince-de-galles qui semble sortir de l’atelier d’un tailleur a été confectionné pour durer longtemps. Mais est-il compatible avec votre idée du style ? Allez-vous le porter facilement ? Est-il approprié à vos besoins ? Et cette chemise éclatante au tissu délicieusement craquant, qu’apporte-t-elle à votre garde-robe, vous qui, finalement, vous préférez en blouse ethnique ? La volonté d’intemporalité est honorable mais ne doit vous faire perdre de vue votre cahier des charges. Donc si vous avez compris que vous n’aimez pas les chemises, les pulls en pure laine, le trench beige ou la petite robe noire qui vous donne mauvaise mine, dites-leur adieu. Ils seront plus heureux ailleurs et votre dressing y verra plus clair.
Les cas de conscience
C’est un méli mélo d’achats loupés, de pièces étiquetées pas assumées, de cadeaux ratés… Je les vois s’entasser dans les penderies et je comprends ce sentiment de culpabilité d’avoir craqué pour des chaussures inconfortables qui ont coûté trop cher ou de ne pas vouloir se débarrasser du foulard offert avec amour. Si quelques cadeaux peuvent rejoindre la caisse à souvenirs, je ne vois pas l’intérêt d’avoir chaque matin sous les yeux, un vêtement qui persiste à vous signifier que vous avez été bête de dépenser de l’argent pour rien. Tout le monde peut se tromper et ce n’est pas grave. Donnez ou revendez. Vous ne pourrez que mieux optimiser votre dressing.