C’est le genre de vidéo qui affole les réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, un homme se présentant comme « spécialiste du vieillissement » affirmait au micro du média « Legend » que les injections de Botox réduiraient le QI. Depuis, la vidéo a été effacée. Mais la question, elle, continue de circuler. Alors, fantasme ou vérité scientifique ? Pour en avoir le cœur net, nous avons interrogé Alexandre Koutsomanis, chirurgien et médecin esthétique à Paris.
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Pour le médecin, la réponse est sans appel : le Botox n’a aucun effet sur le cerveau. « Les injections de Botox n’ont aucun effet sur le quotient intellectuel, c’est impossible, explique-t-il. La toxine botulique agit uniquement au niveau de la jonction neuromusculaire, en bloquant la transmission entre le nerf et le muscle. Elle ne passe pas la barrière hémato-encéphalique, ne va ni dans les neurones, ni dans le cerveau. »
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Gare aux expressions du visage
Mais si le Botox ne modifie pas notre intelligence, il peut, dans certains cas, jouer sur notre expressivité – et donc sur notre manière de communiquer. « Si un front est hyper botoxé, il sera figé, donc on verra beaucoup moins les expressions du visage, précise le Dr Koutsomanis. On ne bouge plus vraiment les sourcils ni le front. Toutes ces expressions non verbales que l’on peut faire sans même parler sont diminuées. » En ciblant certains muscles, notamment ceux du front et des pattes d’oie, il peut limiter les micro-expressions liées aux émotions : étonnement, interrogation, colère, etc.
Faut-il fuir le Botox pour autant ? Pas tout à fait. Le tout, comme toujours en médecine esthétique, est une question de mesure. « Si on fait un Botox cohérent, qui permet de corriger les rides tout en gardant les expressions, il n’y a pas ce problème », souligne le médecin.
Sommes-nous moins intelligents émotionnellement ?
Autre croyance tenace : celle selon laquelle figer ses expressions, ce serait aussi figer ses émotions. Une théorie qui porte un nom : le facial feedback, un phénomène selon lequel le visage aurait une influence sur notre humeur. Par exemple, si l’on sourit beaucoup, on se sentirait plus heureux ; si l’on fronce les sourcils, on deviendrait plus stressé.e. Donc, si l’on empêche ces mouvements grâce à la toxine botulique, nos émotions seraient comme anesthésiées. Une piste séduisante, mais pas franchement validée par la science. « C’est une théorie qui ne repose sur aucun fondement scientifique solide, ni même physiopathologique », rappelle le Dr Koutsomanis.
En revanche, l’excès de Botox peut entraîner une mauvaise lecture des émotions par les autres – et donc brouiller la manière dont on se fait comprendre. Résultat : les signaux non verbaux qu’on envoie sont altérés. On paraît plus lisse, moins expressif.ve, parfois même… moins éveillé.e. On l’aura compris, le Botox ne fait pas baisser le QI, mais un front trop figé peut semer le doute. Comme souvent, ce n’est pas le produit qui pose problème, mais l’excès. Et si l’intelligence, c’était justement de savoir quand s’arrêter ?