Pour, Ilaria Casati, journaliste mode

« Ce classique est dans l’air du temps… et nous incite à investir. Inventé au XIXe siècle par un haut gradé de l’armée britannique, qui eut l’idée de raccourcir son pantalon au-dessus du genou pour s’adapter aux températures tropicales, le bermuda a très vite été adulé par les milieux aristocratiques locaux, qui lui ont accordé la préférence dans leur garde-robe. Il a ensuite été porté aux nues par les preppys du monde entier, les Kennedy en tête, et iconisé dans les années 1970 par Yves Saint Laurent et sa muse Loulou de la Falaise.

Le bermuda est le nouvel allié d’une dégaine cool, androgyne et… féminine, mais si ! Il n’est pas très cher (79 euros chez COS hommes, moins de 100 euros en boutique vintage). C’est un pantalon en mieux qui dévoile le genou, la finesse d’un mollet et la légèreté d’une cheville. Compliqué ? Non ! Un marcel blanc, un blazer bien coupé, une chemise seventies en soie, des sandales à talon mini, des bijoux ethniques. Le chic lui sied à ravir. »

Contre, Olivia de Lamberterie, éditorialiste

« Inutile de tergiverser. Au sommet du triangle des Bermudes de l’horreur vestimentaire trône le bermuda. Et aux deux autres angles, on trouve le pantacourt et la jupe-culotte. Car, comme son nom l’indique, le pantalon se doit d’être long, cassé sur la chaussure. C’est sémantique autant qu’esthétique, à moins d’avoir les gambettes de ma consœur Ilaria Casati ainsi que son chic italien, le bermuda sied à peu, fait ressortir le cuissot, met l’accent sur le genou, rarement gracieux.

S’il a certes été transcendé par les Kennedy, il est aussi l’emblème, quasiment le blason, de Valérie Lemercier dans “Les Visiteurs”, et, avec elle, de pas mal de gens qui portent des serre-tête et ne doutent de rien. Enfin, on le sait, nos garde-robes puisent leur source dans le vestiaire de notre enfance. Petite fille, je rêvais d’une poupée Barbie, et on m’a offert sa sœur, Skipper, moins de seins, moins sexy, et je l’ai immédiatement détestée. Adolescente, je rêvais d’un short en denim, et on m’a donné… un bermuda en seersucker. Non, cet été, ce pantalon en pire ne passera pas par moi ! »