Nouveau chapitre dans l’histoire des dérives de la chirurgie esthétique. De faux chirurgiens esthétiques proposent (en toute illégalité, précisons-le) des liftings et des injections depuis le salon de leur appartement (déguisé, si on peut le dire, en cabinet esthétique). Le tout, grâce à un produit qui promet, non sans risque, de faire fondre la graisse du ventre, des bras et du menton :  le « Lemon Botte ». Non homologué en France, il serait la cause de dommages irréversibles tels que des infections chroniques, des paralysies ou encore des hémorragies. Dans un reportage signé « Le Parisien », dévoilé début février, le Dr Adel Louafi, chirurgien esthétique, réagit à ces pratiques trompeuses et dangereuses.

Les risques sanitaires liés à ces faux cabinets esthétiques

Les images révélées sont alarmantes. Se faisant passer pour des « cosmétologues », de fausses praticiennes, soi-disant formées à l’étranger, démarchent des clientes sur les réseaux sociaux et leur proposent divers services dans des cabinets esthétiques clandestins. Le tout, à des prix défiants toute concurrence. Pour autant, elles n’ont pas le droit d’exercer en France et encore moins d’injecter le « Lemon Botte ». Le Dr Adel Louafi, secrétaire général du syndicat national de chirurgie plastique, interrogé dans le documentaire, met en garde : « Il y a beaucoup de mensonges sur ce produit. C’est en réalité une crème pour détruire des cellules, qui peut faire des infections ou des nécroses ».

L’arnaque va plus loin. Ces « jeunes femmes » proposent d’autres services comme celui des liposuccions, une intervention qui consiste à retirer de la graisse du ventre, du menton ou des cuisses par aspiration à l'aide d'une canule. Un acte chirurgical réglementé devant exclusivement être pratiqué en bloc opératoire, selon le chirurgien esthétique. Ces opérations clandestines sont alors proposées à prix réduit, entre 1 000 € et 1 500 €, contre 3 000 € à 5 500 € dans une vraie clinique esthétique. Des prix défiants toute concurrence. « À tous les niveaux, c’est complètement surréaliste. De l’asepsie, des risques sur les vaisseaux, les nerfs… On peut tuer quelqu’un sur la table d’opération si on fait n’importe quoi avec une liposuccion du cou », signale le chirurgien esthétique. D’une canule mal utilisée pouvant endommager la trachée jusqu’à l’anesthésie locale, ne pouvant être pratiqué que par un médecin, les risques sont grands. « C’est hallucinant. Il faut savoir que l'anesthésie locale elle-même, si on l'injecte dans un vaisseau, peut donner un trouble du rythme cardiaque. On peut faire un arrêt cardiaque », alerte-t-il. 

Des plaintes pénales ont été déposées et sont en cours d’enquête, dans le but de stopper ces pratiques.

Attention aux arnaques : les conseils

Avant de sauter le pas de la chirurgie esthétique, veillez à être vigilant. Un véritable chirurgien esthétique doit être reconnu par le Conseil national de l'Ordre des médecins, l'organisme officiel garant des compétences et diplômes des médecins. Sur leur site officiel, vous pouvez consulter une liste des chirurgiens plasticiens agréés par l'Ordre. Seuls les médecins diplômés en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique sont habilités à pratiquer. Aucun acte de chirurgie esthétique ne doit être délégué à un assistant. 

De plus, la réputation du chirurgien joue un rôle crucial dans la prise de décision. Il peut être utile de solliciter l'avis de votre médecin généraliste ou de vos proches ayant déjà eu recours à la chirurgie esthétique, afin qu'ils vous recommandent des praticiens ou, au contraire, vous en déconseillent certains. Enfin, un conseil simple en apparence : ne pas contacter le moindre « chirurgien esthétique » faisant sa promotion via les réseaux sociaux, au risque de mettre votre santé en péril et de vous retrouver avec des dommages irréversibles.

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@leparisien

« Pour ton petit double menton, ça fera 1 000 euros » : dans un cabinet clandestin de chirurgie esthétique

son original - Le Parisien