La libération de la parole sur les violences commises dans les établissements scolaires se poursuit. Plusieurs victimes témoignent dans la presse de violences physiques et sexuelles au collège lycée Saint-Joseph de Nay, situé à dix kilomètres de Notre-Dame de Bétharram, point de départ du #MeToo de l’enseignement catholique. Les récits s’étayent des années 1960 à 1990.

« On était plusieurs garçons concernés. On était convoqués pendant les études. On entendait notre nom, suivi de ‘chez l’abbé H.’. Toute l’étude nous regardait passer. On savait ce qui nous attendait : des caresses. Et on revenait honteux », raconte Patrice, passé par le collège de 1973 à 1976, à « Libération ».

L’ex-collégien détaille la variété des violences : « Avec l’abbé A., c’était des coups d’une très grande violence : il m’a déjà mis KO avec une gifle. L’abbé R. de G. profitait de sa fonction d’infirmier : on avait mal à la tête, il nous faisait baisser le pantalon et nous touchait les parties intimes. Avec l’abbé H., qui était le père supérieur, c’étaient des attouchements dans ses appartements ».

Violences physiques

Plusieurs anciens élèves évoquent aussi des violences physiques. Sept d’entre eux ont notamment témoigné auprès de « L’Humanité ». Christopher Brondes, rentré au collège en 1992 [l’établissement n’est plus tenu par les pères à partir de 1988, N.D.L.R.], lui, raconte à « Libération » que « quand les dortoirs n’étaient pas silencieux, il arrivait que les surveillants débarquent […] ». « Ils nous faisaient courir en pleine nuit, en plein hiver », dénonce-t-il.

L’ex-collégien rapporte aussi « un grand coup avec la paume » porté par le CPE sur le côté de sa tête. Son médecin lui confirme une perforation du tympan.

Plusieurs personnes auraient été témoins de ces violences. « J’avais cours avec les cinquièmes. L’abbé M. se rue sur moi : ‘Je dois parler à l’élève untel.’ Sans attendre ma réponse, il se tourne vers la classe, appelle l’élève, le fait venir et se mettre à genoux, et lui envoie une baffe qui le renverse par terre », livre ainsi Isabelle Maneveau, 72 ans, toujours à « Libération ». La témoin a été recrutée en 1975 comme contractuelle pour assurer les cours d’éducation musicale.

« Je suis désemparée, c’est d’une violence terrible et je n’ai rien anticipé », déplore-t-elle aujourd’hui. Sur place, les élèves lui répondaient que « les baffes, c’est tout le temps ».