07.00 Si le réveil sonne, c’est que nous sommes en semaine et que, la veille, je n’ai pas joué. Je savoure dix minutes de répit sous la couette. Puis j’avale un citron pressé dans de l’eau tiède et une tartine avant de filer sous la douche. Je suis célibataire. Je n’ai pas d’enfant. Mon rythme s’articule autour d’une seule priorité : la performance.
08.00 Si Waze, une appli géniale, me dit que ça roule bien, je quitte mon appart’ de Juvisy (où je joue en club), pour le siège de la Fédération française de foot, dans le 15e, où j’exerce en tant que conseillère technique nationale. Si c’est bouché, ciao les embouteillages, j’allume mon ordi et je travaille de la maison. A la Fédération, je dirige un groupe de huit personnes dont le rôle est de développer la pratique du football chez les enfants de 5 à 12 ans. Cumuler un job (deux même, car je suis aussi consultante sur Canal +) avec un statut de sportive de haut niveau ? Je l’ai voulu. J’ai vite compris que la clé de mon équilibre était de varier les activités. Le travail améliore mon mental, donc, par ricochet, il m’aide à être meilleure sur le terrain. chaque après-midi, je m’entraîne avec mon club. A cela, il faut ajouter les matchs du week-end et les stages avec l’équipe de France, une semaine à dix jours par mois. Le rythme est intensif. Pendant la Coupe du monde, c’est étonnant, mais la vie est plus calme : les soirées sont plus longues, je n’ai plus de lessive… Je partage ma chambre avec Céline Deville, la gardienne de but. Nous sommes coloc presque cent jours par an ! Céline nous concocte une sélection de films que nous regardons sur nos ordis.
12.30 Je meurs de faim ! J’attends toujours l’heure du déjeuner avec impatience, j’adore manger.
15.50 Ma deuxième journée démarre. Je dois être prête à 17 heures pile pour m’entraîner dans la salle de musculation du club, à Juvisy. Au menu ? De la prépa physique, puis du jeu, sur le terrain. Médiatiquement, le football féminin a passé un cap avec la Coupe du monde de 2011. L’évolution du sport est très positive, nous sommes fermement soutenues par la Fédération et les clubs se structurent de plus en plus pour accueillir les filles. Moi, j’ai joué avec des garçons jusqu’à 14 ans. Entre nous, c’est un super-souvenir.
19.30 Pour optimiser la phase de récupération, je plonge mes jambes cinq à huit minutes dans une eau à 10°c, ça augmente le débit sanguin. Un ou deux soirs par semaine, j’enchaîne avec Canal +, donc je fais tout pour ne rien rater de la Ligue 1.
00.00 Je m’endors bien trop tard avec une idée fixe en tête : les émotions positives. Les vivre, les partager avec ma famille, le public, mes amis, mes coéquipières… c’est pour ça que je fais du sport. Juste pour ça.
Petits secrets
Lors des matchs de l’équipe de France, juste avant d’arriver au stade, j’écoute la chanson titre du film « Requiem For a Dream », de Darren Aronofsky. Je mets le volume fort, le résultat est instantané : je suis dans ma bulle. Concentrée.