Un SMS avec le code de l'immeuble et aussi : « Attention, c'est 5e sans ascenseur. » Barbara Pravi vient d'emménager ici. Strasbourg-Saint-Denis.
Elle a pris l'appartement au 5e sans ascenseur avec son amoureux et elle trouve que le truc qui fait le plus un effet « couple » c'est de voir se mélanger dans la bibliothèque ses livres aux siens. Cartons à peine défaits. Peu de choses au mur. Au sol quelques tableaux, un miroir. Il est 19 heures, fin de partie pour le soleil dans la chambre.
Un cintre avec un bustier accroché à l'armoire « ça c'est mon costume de l'Eurovision ». Elle le décroche : à l'intérieur une poche cousue qui lui a permis de garder contre son cœur sa pièce de monnaie porte-bonheur au concours tout en chantant « Voilà ». Une pièce de monnaie d'Iran, pays d'origine côté maternel. Elle l'emporte partout, même en répétitions. Et elle la range dans une boîte bleue. Barbara ouvre la boîte, la pièce argentée est très belle, ancienne et neuve à la fois. Je propose de ne pas la photographier et elle trouve que oui c'est mieux comme ça.
On parle. En premier rappel de son spectacle elle a prévu de chanter « La Ritournelle », chanson inspirée d'une histoire vraie et actuelle : son grand-père retombé amoureux de sa grand-mère depuis qu'elle a la maladie d'Alzheimer. Il va la voir tous les jours à la maison de repos et il rentre chez lui soit désespéré soit fou de joie selon qu'elle a été désagréable ou a prononcé un mot gentil.
Pendant le premier confinement elle a enregistré seule un album qui s'appelle « Les Prières ». Elle a tout fait un peu toute seule, forcément : prises de son, bruits d'ambiance de rue, quelques notes jouées sur ce piano. Et puis l'illustration pour la pochette.
C'était il y a longtemps : ce soir, 27 août à minuit, son premier album sera mis en ligne. Pour éviter de rester toute seule elle a prévu d'aller au Badaboum avec son copain, juste regarder les gens danser.
« Et ta pièce, si jamais tu la perds un jour ? »
« Je la perdrai pas. »