Repartant de chez Kyan Khojandi, j'ai pensé que je connaissais vraiment très peu de gens comme Kyan Khojandi. Quelqu'un capable de demander à son chien de chanter. Et obtenant de lui qu'il chante. Enfin qu'elle chante, Ness. Ça fait bizarre d'être tout seul dans une pièce avec quelqu'un qui crie « allez chante » ! Mais je me suis souvenu à temps que ça ne m'était pas destiné.
Jardin trempé après l'orage de la nuit, mûres, potager, barbecue électrique sous sa housse, Kyan est parti vivre à la campagne au début du premier confinement, et puis il y est resté.
Cuisine point névralgique de la maison. On se pose pour parler. Je choisis mon mug : celui avec écrit « Un bon moment » et les têtes de Kyan et Navo, éternel complice depuis la série « Bref », dessinées au dos. « Attends, je te fais visiter. »
Comme une envie de se marier
Escalier. On croise un maillot de hockey « Khojandi » offert après un Olympia montréalais. On arrive sous les toits, et, autant je peux avoir un doute sur le fait d'avoir déjà croisé un berger australien chanteur, autant je suis certain de n'avoir jamais entendu la phrase « ma femme m'a offert une chambre des années 1990 » : collection de cartes téléphoniques, consoles de jeu Sega, boîtes de Lego Technic, Chevaliers du Zodiaque. J'avoue ça donne envie de se marier.
Kyan a l'oreille absolue – aptitude à reconnaître à l'écoute d'un son sa tonalité sans référence auditive préalable – il émet un « la » et précise « le truc c'est que tous les six mois je baisse d'un quart de ton ». Épatant.
Mon café est désormais froid et constatant que ça n'a pas l'air de me poser de problème : « T'es comme les scénaristes, ça nous va toujours de boire du café froid. »
Je remets mes baskets trempées du jardin pour repartir quand un camion klaxonne dans la rue, c'est le livreur de croquettes : Ness est égérie croquettes. En repartant de chez Kyan Khojandi, j'ai pensé que je connaissais vraiment très peu de gens comme Kyan Khojandi.