J’ai aimé les espadrilles de Valérie Donzelli sur son balcon. Barbara Pravi assise sur son lit à la tombée du jour. Kyan Khojandi demandant à son berger australien de chanter pour moi. J’ai aimé Léo Walk réalisant des figures en équilibre sur sa table basse de salon et dans le couloir de l’entrée. Le garage à motos de Pio Marmaï enbanlieue. Keren Ann me photographiant photographiant. J’ai aimé les « pleurs grimpantes » qu’Eddy de Pretto aimerait faire pousser sur sa terrasse. Le bureau d’Alain Souchon et de Robert Zimmerman l’altitude. La lumière chez Sara Giraudeau un jour de grisaille à la Simenon. J’ai aimé Vincent Dedienne, le poster d’Anne Sylvestre et la bougie Louis de Funès. La collection de « Schnock » et de littérature Beatles chez Jean-Paul Rouve. Marie Papillon me présentant l’escalier qui permet à son chien Bibi de la rejoindre sur son lit. J’ai aimé leverre de rosé « Pierre Richard » offert dans la cuisine chez Pierre Richard. Les arbres du boulevard à travers la fenêtre chez Marine Delterme. Le quai des Grands-Augustins juste en face de l’appartement d’Augustin Trapenard, un jour de neige en avril. J’ai aimé faire ces quinze portraits pour ELLE cette année.
Rencontrer ces personnes, la plupart du temps pour la première fois. Rejoindre une adresse inconnue, sonner en bas et me retrouver en tête-à-tête avec elles pendant une heure.
Et j’ai aimé que le journal me demande de photographier mon appartement pour clôturer la saison.
Pour le plaisir de voir Jean Rochefort sur une boîte d’allumettes près de « L’Attrape-cœurs ». Anna Karina et Pierrot le Fou sur le piano. La lumière dans la cage d’escalier en fin d’après-midi. Nos disques, ceux de mon amoureuse et les miens, mélangés depuis si longtemps. La vue sur les toits bleu-gris de Paris. Une chaise une table une tasse, comme dans un haïku immobile. Et puis E.T., qui retrouve sa maison à la fin du film.
Merci infiniment.