Prévenir plutôt que punir. C’est l’un des messages portés par les six sénatrices à l’origine d’un rapport publié ce mercredi 21 mai, après six mois d’auditions au Sénat. Leur objectif : limiter la récidive des auteurs de violences sexuelles en renforçant leur prise en charge et en misant sur la prévention. Une démarche encore marginale dans le débat public, mais que les élues jugent urgente.
« Les violences sexuelles restent sous-déclarées »
Si les auteurs de viols et d’ agressions sexuelles récidivent statistiquement moins que les autres délinquants (5,7 % contre 7,2 % en moyenne), les rapporteures nuancent ce chiffre. En cause : des critères juridiques de récidive jugés trop étroits… et un nombre de plaintes bien en-deçà de la réalité.
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Pour les sénatrices, l’enjeu est clair : intervenir avant le passage à l’acte. D’où leur insistance sur la « prévention primaire » : lutter contre l’hypersexualisation des jeunes, limiter l’exposition à la pornographie, mieux former les professionnels de l’enfance. « Une part non négligeable des victimes mineures devient à son tour auteur de violences », a rappelé Muriel Jourda (LR), lors de la conférence de presse.
« Il faut traiter en prison, pas attendre la sortie »
Actuellement, les soins aux auteurs ne débutent qu’une fois la peine purgée. Le rapport propose de renverser cette logique : instaurer une injonction de soins dès l’incarcération. Un suivi médico-social plus précoce, qui passerait notamment par l’implication de psychologues – une alternative face à la pénurie de psychiatres et à la saturation des hôpitaux.
Les sénatrices insistent aussi sur la nécessité de produire des « statistiques fiables » pour évaluer l’efficacité de ces prises en charge. Aujourd’hui, peu de données permettent de mesurer l’impact réel des dispositifs existants sur la récidive.
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Au total, 24 recommandations sont formulées : campagnes de sensibilisation autour du consentement, recours plus large aux psychologues, outils d’évaluation du risque de récidive, meilleure information des juges en matière de rétention administrative…