Une position affirmée. Dans une interview au « Point » mardi 27 mai, Sarah El Haïry, Haute commissaire à l'Enfance, estime que « la protection des innocents » doit l’emporter sur la présomption d’innocence dans les cas de violences sexuelles. La représentante de l’État pour l’enfance était interrogée sur la mise en examen d'un médecin ORL pour agressions sexuelles à Vannes, interdit d'exercer sa spécialité mais qui, selon « Ouest France », a été embauché depuis comme médecin du travail en Vendée.
« Je crois en la présomption d'innocence, mais aussi au principe de précaution, et je crois encore plus à la protection des innocents », déclare la Haute commissaire à l'Enfance. « Et dans ce genre de situation, c’est simple s’il y a doute, on protège », complète-t-elle. La déclaration n’est pas anodine pour une membre du gouvernement. Principe fondamental de la justice, la présomption d’innocence est un pilier de l’État de droit.
« C’est un fait choquant et inacceptable. Et ce n’est pas une question de droit, mais de décence. Quand une personne est mise en examen pour des violences sexuelles, la première des précautions, c’est de la suspendre de tout contact avec des patients », développe Sarah El Haïry au sujet de ce médecin ORL et de sa position. « La présomption d’innocence n'interdit pas de restreindre la liberté du mis en cause, de prononcer des interdictions d'exercice de certaines professions », rappelait en ce sens la journaliste spécialisée Marine Turchi à ELLE.
Le collectif des victimes de Le Scouarnec prochainement reçu
Alors que le verdict sur le procès Le Scouarnec doit être rendu ce mercredi 28 mai, la Haute commissaire à l'Enfance assure par ailleurs qu’elle « fera tout son possible pour que jamais plus un tel drame ne puisse se reproduire ». « Ce n’est pas seulement un drame personnel, c’est une défaillance collective qui nous engage toutes et tous », souligne-t-elle.
Le 19 mai, un collectif de victimes du pédocriminel avait interpellé l'exécutif en déplorant le « silence du monde politique » et en demandant la mise en place d'une « commission interministérielle » pour « tirer les leçons » de l'affaire Le Scouarnec, cet ex-chirurgien poursuivi pour des violences sexuelles sur 299 personnes.
« Je leur tends la main, je les recevrai avec le ministre de la Santé dans quelques semaines et je le redis ici : je serai à leurs côtés », indique Sarah El Haïry. « Pour écouter leur ressenti à la suite du procès mais surtout pour changer structurellement ce qui a permis qu'un homme puisse agresser des enfants dans plusieurs hôpitaux, en toute impunité, sous l'autorité de structures censées protéger. »